Domenech et les dominos

Aujourd'hui, 18 juin, on ne peut s'empêcher de penser à de Gaulle et à ses mots, prononcés il y a 70 ans jour pour jour. On ne peut s'empêcher aussi de penser à Domenech abattu et à sa déclaration, après le désastre : "Je ne trouve pas les mots." Il faudra qu'il les trouve.

Une équipe, c'est d'abord, surtout, un équilibre fragile. Une pièce à un mauvais endroit et le domino s'écroule. Un relais qui passe mal et c'est la chienlit.

Anelka a joué avant-centre, mais il n'est pas avant-centre. Sa place, auparavant, était plus bas dans l'équipe, mais cette place était prise par un Govou. Or, Anelka devait jouer. Il avait raté trois coupes du monde, pas question pour lui de ne pas y être. Il a donc pris la place de Thierry Henry qui, lui, en avait déjà joué trois. Imparable.

Govou, maintenant. Si transparent qu'il s'en excuse, qu'il aimerait laisser sa place, mais Domenech insiste. Car Govou, c'est la part non négociable de Domenech. Depuis le début, c'est son protégé, sa manière de dire : c'est moi le patron. Résultat, aucune passe au chouchou de l'entraîneur et une équipe hémiplégique, qui n'a pas de côté droit. En plus, Govou a piqué la place d'Anelka à la Coupe du monde 2006.

Ribéry. Passons sur le fait qu'il n'est pas en forme. Mais sa position. C'est un perforateur sur les côtés, pas un meneur de jeu axial. Ribéry devrait aller sur la droite, mais il ne veut pas. Domenech lui laisse les clés du camion, comme ça, au débotté. Si vous mettez Ribéry en meneur de jeu, c'est que vous sortez Gourcuff dont c'est le rôle. Qu'a-t-il fait Gourcuff pour mériter ça ? On dit qu'il est seul, qu'il n'appartient à aucun clan. Quels clans ? Il y a une affaire Gourcuff qui explosera peut-être bientôt. L'affaire d'une mise au ban peu reluisante.

Abidal enfin. Arrière-gauche toute la saison, mais arrière central en équipe de France. Parce qu'Evra est déjà l'arrière-gauche et Evra est le capitaine. Abidal, le spécialiste des penaltys provoqués.

Roselyne est plus forte en foot qu'en vaccins

Oui, L'Equipe, ce matin, a raison de titrer "Les Imposteurs". Car ils ne jouent pas à leur poste. Car certains devaient en être, absolument. À quel poste ? Question indécente. Ce sont des pratiques de cour de récré. Des bras de fer de petits mecs. La faute bien sûr à Domenech. À certains joueurs aussi. Dans un couple, les torts sont partagés.

Hier, je me suis souvenu de Domenech et de sa phrase sur les ego qu'il chasserait à coups de fusil. Il a chassé les petits insolents de la classe 87 (Nasri, Benzema) mais pour vider les écuries d'Augias, c'est une autre histoire.

Je me suis souvenu aussi de Roselyne Cassandre Bachelot après le France-Irlande : "Si on continue comme ça, on ne va pas être bien en Afrique du Sud, ça va pas durer longtemps." Domenech l'avait recadrée dans L'Express. Roselyne est plus forte en foot qu'en vaccins.

Hier, j'ai pensé aux Irlandais. À ce qu'ils ressentaient, à ce qu'ils auraient fait à notre place.

Hier, j'ai pensé à la suite. À ceux qu'il faudrait garder : Lloris, Sagna, Evra, Toulalan, Malouda, Diaby, Gourcuff et c'est tout.

Hier, j'ai pensé à Laurent Blanc. Et à ce qui l'attend.